Ne fumons pas toutes les cigarettes
ne buvons pas tout le vin
ne mangeons pas tout ce que nous avons sur la table
laissons un peu pour demain
nous serons encore heureux

mais que faisons-nous de l’amour
de ce besoin de s’offrir
jusqu’au dernier souffle
jusqu’à la dernière goutte de plaisir
jusqu’à la dernière miette de chair ?

comment pouvons-nous laisser l’amour pour demain
si maintes fois
les autres ne se souviennent pas de nous ?
ils nous quittent, ils nous laissent vidés
et ne regardent plus jamais en arrière

que faisons-nous de cet amour
à qui l’offrir quand plus personne
ne se nourrit de restes
quand tous sont polis
comme à un repas étranger
réclamant l’addition
pour le montant des sentiments ?

que faisons-nous de cet amour
quand l’oiseau noir de la mort
vient frapper de son bec
contre la fenêtre
pour que ce soit lui
qu’on doive nourrir ?