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Entre synchronie et diachronie (IV)
essay [ ]
ou entre Ferdinand de Saussure et Eugeniu Coşeriu

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by [Clara-Emilia ]

2010-07-30  | [This text should be read in francais]    | 



1. Saussure face au changement et au non changement linguistique

Pour Saussure, la langue se présente comme un système qui n’a d’autre assise que lui-même. Constituée d’eléments qui sont des valeurs relatives et interdépendantes les unes des autres, la langue fonctionne dans le moment actuel, séparée de toute conscience rétrospective ou même prospective. La langue est un système de pures valeurs que rien ne détermine en dehors de l'état momentané de ses termes, dit Saussure. Et la comparaison avec les sciences économiques est, à cet égard, édifiante : La valeur d’un fonds de terre dépend à chaque moment de ce que le fonds de terre rapporte et d’un système de valeurs contemporaines. Ainsi, par un de ses côtés, cette valeur a-t-elle sa racine dans la chose et ses rapports naturels. Or, rien de tel dans la linguistique où les données naturelles n'ont aucune place, d’où le référent, ce à quoi le langage fait référence, est exclu.
Le germe de tous les changements se trouve, selon Saussure, dans la parole.
Les changements sont d’abord des incidents propres à tel ou tel usager de la langue ; ces incidents, acceptés par la collectivité, deviennent partie intégrante de la langue. Saussure distigue ainsi deux moments dans l'histoire de toute innovation : celui où elle surgit chez les individus; celui où elle devient un fait de langue, adopté par la collectivité.
Les changements ou « altérations » ne portent pas sur le bloc du système, mais sur l'un ou l'autre de ses éléments. Ces changements ont leur contre-coup sur le système. Et pourtant, entre le fait initial, qui a porté sur un seul élément, et les conséquences qui peuvent en découler pour l'ensemble, il n'y a aucune relation.
Les changements, particuliers, ne forment pas système entre eux. A propos de la disparition en français, à une certaine époque, de presque toutes les formes de l'ancien cas sujet, Saussure affirme qu’on a affaire là à un un événement historique isolé qui „ne prend l'apparence d'une loi que parce qu'il se réalise dans un système .”
Selon Saussure, les changements ne tendent même pas à changer le système. En allemend, on a passé de fôt: *fôti, à fôt: fêt sans toucher à l’opposion des termes, nécessaire pour exprimer le pluriel. La modification a ainsi porté sur les éléments agencés et non pas sur l’agencement, qui seule est significatif. C’est que „jamais le système n'est modifié directement; en lui-même il est immuable; seuls certains éléments sont altérés sans égard à la solidarité qui les lie au tout. ”
Un changement est un fait distinct de l'équilibre précédent et de l'équilibre subséquent de la langue. Il n'appartient à aucun de ces deux états : il intervient entre les états.

2. Coşeriu face Ă  Saussure

Pour Coşeriu comme pour Saussure les changements se livrent entre deux moments et, par consĂ©quent, sont diachroniques.
Les individus parlants ont conscience que certains éléments sont plus anciens ou plus
récents que d’autres, mais ils ne manifestent pas cette conscience en parlant avec ces éléments, ils la manifestent en parlant sur eux, c’est-à-dire aussitôt qu’ils adoptent un point de vue historique.
Mais Coşeriu va plus loin que Saussure et affirme que le non changement non plus, on ne peut l’observer en synchronie: „Pour dĂ©montrer qu’un objet quelconque ne change pas, il faut l’observer en deux moments distincts”.
Pour Coşeriu comme pour Saussure, la langue est un fait social.
Mais Saussure prend comme norme du langage la langue séparée de l’activité de parler des individus et placée dans la « masse ». Cette langue, extérieure à l’individu, qui l’enregistre passivemet et ne peut à lui seul ni la créer ni la modifier, est une activité qui emploie des signes déjà créés.
Coşeriu, par contre, considère que la langue existe seulement dans et par l’activitĂ© de parler et que cette activitĂ© est crĂ©atrice de signes. Plus exactement, dans l’acte de parole, l’individu utilise les mots mis Ă  la disposition par l’usage et, en les utilisant, les modifie et par lĂ , dĂ©passe l’usage.
C’est que dans la vision de Coşeriu les faits sociaux sont „interindividuels”et non pas „extraindividuels”. Ces faits transcendent l’individu , mais ne lui sont pas extĂ©rieurs „puisque le propre de l’homme est de se transcender en tant que simple individu”. Ensuite, les faits sociaux ne s’imposent pas Ă  l’individu, mais l’individu les adopte. Enfin, l’individu change les faits sociaux „puisque l’adaptation de ce qui est socialement Ă©tabli Ă  des exigences occasionnelles et personnelles est dĂ©jĂ , d’une certaine manière, un « changement ».”
Pour Coşeriu comme pour Saussure, la langue est soumise au changement. Mais pour Saussure,le changement est accidentel; il affecte un Ă©lĂ©ment de la langue et non pas ce qui relie cet Ă©lĂ©ment aux autres. Ainsi la langue comme système, reste-t-elle immuable.
Pour Coşeriu, le changement appartient Ă  l’essence de la langue; la langue change parce que sa nature est dynamique, parce qu’elle est parlĂ©e. Et l’activitĂ© de parler „est toujours nouvelle dans la mesure oĂą elle est dĂ©terminĂ©e par une finalitĂ© expressive individuelle, actuelle et inĂ©dite.”
Les structures, qui constituent la langue s’expliquent par le caractère systématique de cette activité; „si la langue est à tout moment système et si à tout moment, nous la trouvons changée, cela signifie qu’elle change en tant que système, ou encore qu’elle est faite de façon systématique.”
Les effets systĂ©matiques des changements ne sont pas Ă©trangers Ă  Saussure non plus. Il observe ainsi que les changements n’ont pas une disposition linĂ©aire, qu’ils sont redistribuĂ©s en systèmes distincts. Mais selon les dires de Coşeriu la redistribution est un rĂ©sultat, le processus correspondant se rĂ©alisant en fait hors de la langue.
Prenons une innovation qui affecte un phonème dans une position dĂ©terminĂ©e. Cette innovation, dans le cas oĂą elle est adoptĂ©e, on la retrouve dans tous les mots qui contiennent le mĂŞme phonème dans la mĂŞme position. Et la comparaison que fait Coşeriu entre le changement phonĂ©tique et l’altĂ©ration d’une touche de la machine Ă  Ă©crire est parlante: si la touche altĂ©rĂ©e est a, par exemple, tous les mots avec a qui sont Ă©crits au moyen de cette machine prĂ©sentent la mĂŞme altĂ©ration,” puisque ce qui est altĂ©rĂ© est le modèle de rĂ©alisation lui-mĂŞme.” Pour Saussure, par contre, l’innovation adoptĂ©e porte sur un Ă©lĂ©ment isolĂ© de la langue, sur un Ă©lĂ©ment „fait”, et non pas sur un elĂ©ment formateur, sur un modèle de rĂ©alisation.
Pour Coşeriu comme pour Saussure la langue est un système de structures interdĂ©pendantes, de sorte que tout changement a des rĂ©percussions sur l’ensemble du système.
Mais tout en admettant que le système synchronique est conditionné par les faits diachroniques, Saussure refuse toute dépendance dans le sens contraire : les changements sont étrangers au système et les changements phonétiques en particulier, représentent „une force aveugle aux prises avec l’organisation d’un système de signes. ”
Coşeriu, au contraire, entend le changement, non pas comme simple modification d’un système dĂ©jĂ  donnĂ©, mais comme continuelle construction du système. Il considère en consĂ©quence qu’il faut se libĂ©rer de”la conception de la langue comme système rĂ©alisĂ© dans lequel se produisent les changements et parvenir Ă  concevoir le changement comme le se faire du système.”
Pour lui tout fait de langue est la reconstitution d’un autre fait antérieur ; il est un facteur de discontinuité par rapport au passé et un facteur de continuité par rapport au futur: „ce que l’on appelle „changement dans la langue” n’est tel qu’en relation à une langue antérieure, tandis que, du point de vue de la langue actuelle, c’est la cristallisation d’une nouvelle tradition.
Pour Coşeriu comme pour Saussure , le changement comme fait de langue ne commence pas avec l’innovation, mais avec l’adoption.
Mais pour Saussure, la langue change par la parole, qui est individuelle, et le changement comme adoption s’installe dans la langue, qui est sociale. Dans ces conditions, le changement, même s’il appartient à la langue, se produit hors de la langue.
Le changement saussurien sous entend qu’un Ă©lĂ©ment nouveau se substitue Ă  un Ă©lĂ©ment ancien. Pour Coşeriu, par contre, dans la langue, cohabitent sur de longues pĂ©riodes l’ancien et le nouveau, ce qui fait que „rien ne se „dĂ©tĂ©riore qui ne soit, de quelque manière, rĂ©parĂ© par avance ou pour quoi il n’existe pas dĂ©jĂ  la possibilitĂ© d’une solution .”
A cela s’ajoute le fait que, l’adoption pour Coşeriu, tout comme l’innovation, est individuelle. A cette diffĂ©rence près, qu’en tant qu’innovation adoptĂ©e et diffusĂ©e, elle rĂ©pond aux exigences expressives interindividuelles. Pour Coşeriu il s’agit donc moins d’expliquer l’innovation que la sĂ©rie d’adoptions qui transforme l’innovation en fait de langue.

3. Au sujet du comment et du pourquoi du changement

Cette section est consacreĂ©e uniquement Ă  Coşeriu, Ă©tant donnĂ© que le changement pour Saussure est „extĂ©rieur au système” et „particulier”, autrement dit „assystĂ©matique” et que, effectivement, Saussure ne s’intĂ©resse pas au comment et au pourquoi du changement.
Reste, certes, l’ananlogie saussurienne que l’on peut interpréter comme „création systématique”, mais elle est création en accord avec les règles déjà existantes dans la langue, et donc, selon les dires mêmes de Saussure, un facteur de conservation du système.
Et Ă  Coşeriu d’ajouter: „Bien plus : l’analogie (saussurienne) agit Ă©galement „comme facteur de conservation pure et simple”, c’est-Ă -dire conservation de la « norme », puisque les formes bien intĂ©grĂ©es dans le système et solidaires des autres formes sont maintenues identiques Ă  elles-mĂŞmes „parce qu’elles sont sans cesse refaites analogiquement. ”


Pour Coşeriu tout acte de parole possède une extrĂ©mitĂ© ancrĂ©e dans la langue - une langue donnĂ©e, Ă  un moment donnĂ© - et une autre extrĂ©mitĂ© qui vise Ă  une finalitĂ© et va au-delĂ  de cette langue. Tout acte de parole est historique et libre aussi. Le problème du changement se pose ainsi pour lui du point de vue de l’activitĂ© de parler et du point de vue de la langue aussi et consiste Ă  Ă©tablir les conditions dans lesquelles la libertĂ© linguistique rĂ©nove la langue et la manière dont la langue s’adapte aux nĂ©cessitĂ©s expressives des individus parlants.
En ce qui concerne les conditions de l’activitĂ© de parler, elles se rĂ©fèrent Ă  deux sĂ©ries de facteurs:„systĂ©matiques” et „extrasystĂ©matiques”. Les facteurs systĂ©matiques appartiennent Ă  la langue comme „système fonctionnel et normal”, les facteurs extrasystĂ©matiques, Ă  la langue comme savoir linguistique. Les deux sĂ©ries de facteurs se trouvent dans la langue , sont internes, et reprĂ©sentent autant de dĂ©terminations de la libertĂ© linguistique des individus parlants. Ces dĂ©terminations „ne provoquent pas, mais conditionnent seulement les changements et peuvent contribuer Ă  accĂ©lĂ©rer ou, Ă©galement, Ă  retarder ce qu’avec un terme impropre, on appelle « Ă©volution » des langues.” C’est que pour Coşeriu la langue est un objet culturel et n’appartient pas , Ă  la manière des objets naturels, Ă  l’ordre causal, mais Ă  l’ordre final. Son « dĂ©veloppement » ne peut ainsi ĂŞtre motivĂ© que par la finalitĂ© des individus parlants. Plus prĂ©cisĂ©ment, la langue ne s’impose pas aux l’individus parlants mais ils disposent d’elle pour rĂ©aliser leur libertĂ© d’expression: „elle leur permet de dĂ©passer la tradition tout en la continuant.”
Ce qu’on appelle changement, ajoute Coşeriu, n’est tel qu’en relation Ă  une langue antĂ©rieure, tandis que, du point de vue de la langue actuelle, c’est la cristallisation d’une nouvelle tradition, c’est-Ă -dire, justement, le nonchangement.



Référence bibliographique

Saussure, Ferdinand Cours de linguistique générale, Paris, Éditions Payot, 1971

Coseriu, Eugenio. Synchronie, diachronie et histoire. Texto! 2007 [en ligne]. Disponible sur : http://www.revue-texto.net/Parutions/Livres-E/Coseriu_SDH/Sommaire.html (Consultée le 15 janvier 2010)


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