Il est des mots qu’on n’ose répéter
Des mots tristes et doux, mots de cadence
Troublant, parfois, le souvenir intense…
Il est des mots qu’on n’ose répéter

Il est des pleurs qu’on n’ose rappeler
Parce qu’ils sont, en la mémoire immense
Comme un grand deuil où gronde la démence
Il est des pleurs qu’on n’ose rappeler…

Il est des morts qu’on n’ose éveiller
De peur quelquefois, que leur souvenance
Ne vienne, en la pensée, comme une offense…

Il est des morts qu’on n’ose éveiller…
Mais, quelque soir, en le divin silence
Il est des amours qu’on ose pleurer…

(Alain Grandbois, Poèmes inédits, 1985, p. 40)