Une fois
Quand je n’étais plus chez moi et
Je n’avais plus vingt ans
J’ai pensé a toi
Et je me suis surprise
A sourire.
C’était la nuit et mes yeux ne voulaient
S’endormir.
Alors je me suis levée de mon étranger lit
Et j’ai ouvert la fenêtre vers l’infini.
Et j’ai goûté l’air frais de l’obscurité
Et mes lèvres ont pu tressaillir de nouveau
A la douceur de la confiture de griottes

J’ai ouvert l’ancien cahier aux pages bleues
Et j’ai entendu en sourdine ta voix
Accompagnée d’une musique italienne
Et j’ai senti la douce odeur du papier
De mon cahier qui me fait rêver
J’ai vu mon image dans ses pages
J’y ai vu aussi ton visage…de mes nuits perdues.

J’ai recréé une poésie et jusqu’à la fin
Le lourd sommeil m’a endormie.

Mais je constate que
Ce n’était qu’un rêve mat
Car mes lèvres avaient un gout salé
La musique était en anglais
Et mon cahier, je l’ai laissé chez moi,
Il y a une vingtaine d’années,
Avec les matins qui m’appartenaient (autrefois)
Avec les bruits que je ne trouvais pas (agaçants)
Avec les odeurs douces, avec mes goûts
Et surtout avec mon amour

Commet ai-je pu me laisser tromper
Par un tel rêve ?!
Je savais bien que je ne t’avais plus, toi ;
Je savais bien que je n’avais plus
Mes nuits perdues ;
Mais, pourtant, j’ai senti le besoin
De rêver de toi pour la dernière fois

Et comme ça je me suis dépourvue
De toutes mes nuits perdues…

Et de surcroît je ne t’avais plus, toi.