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Jaune
poezie [ ]

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de [Jeanne_Neis_Nabert ]

2015-04-05  | [Acest text ar trebui citit în francais]    |  Înscris în bibliotecă de Guy Rancourt




La fanfare des ors éclate dans l’aurore.
De l’ardente fontaine ouverte à l’horizon,
Chaque goutte de feu, tintant par l’air sonore,
Sur le sol embrasé roule en se dissolvant :
La terre comme un fruit au grand soleil se dore !

Dans les champs rutilants qu’inonde la moisson,
Les mobiles épis vibrent à l’unisson
Sous l’invisible et souple archet du vent qui passe.
On dirait que furtifs, avides, mille doigts
Plongeant dans un trésor fabuleux à la fois
Une musique d’or s’éveille dans l’espace…

Les étoiles en sont d’ineffables accords
Qui montent crescendo vers l’infini nocturne
Où la lune en sourdine émerge taciturne
Note large et perdue au concerto des ors…
Les mimosas en sont les trilles fantaisistes,
L’abeille fauve en a les bourdonnements sourds
Et les jaunes soucis, soucis d’or, soucis lourds,
Et les soucis d’amour. Ô soucis, soucis tristes !
En sont la rhapsodie obsédante et sans fin
Dans le cœur nostalgique et le pauvre jardin !

Mais sur le sable chaud les blonds reflets de l’ambre
Ni le plus transparent dans les rayons de miel,
Ni les îles de feu sur les mers de septembre,
Ni l’astre le plus pur qui germe au cœur du ciel,
Ni l’auréole pâle et tiède qui s’estampe
Au front penché les nuits de rêve sous la lampe,
Ni les anneaux aux doigts enlacés des époux,
Ni toute la chaleur, ni toute la lumière
Rien n’est blond comme toi, rien n’est brûlant et doux
Comme tes longs cheveux ouverts Ève première,
Comme tes cheveux d’or Ève du doux péché !
Alors que fugitif, poursuivi par le glaive,
L’homme sous leur manteau de tendresse caché

Chassé du paradis en emportant le rêve…

(Jeanne Neis-Nabert, « Arc-en-ciel » in Silences brisés, 1908, pp.15-16)

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