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■ Self-annulment is a prison... ![]()
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2020-02-29 | [This text should be read in francais] | Avant-propos Comme tout art vivant, visant Ă lâexpression, la poĂ©sie peut-elle se priver de « nuance » ? Cela me semble bien difficile ! Bien quâil faille encore se mettre dâaccord sur la notion ou le concept de nuance en poĂ©sie ! Dâailleurs dans son Art poĂ©tique, Paul Verlaine nâĂ©crivait-il pas (1) : « ⊠Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rĂȘve au rĂȘve et la flĂ»te au cor ! » Comment rĂȘver, crĂ©er et suggĂ©rer les choses de la vie, sur pellicule, toile, marbre ou papier, sans ces prĂ©cieuses nuances qui font de tout langage des nuanciers Ă lâĂ©preuve dâune palette infinie, des preuves de lâincommensurable nuancier de cosmos ? Difficile, parce que tous les langages suivent le mĂȘme mouvement de nĂ©guentropie qui tend Ă la complexification des choses et Ă lâorganisation croissante des systĂšmes ; Ă la grande diffĂ©rence dâune tendance naturelle que nous avons Ă lâopposĂ© de la premiĂšre dâuser de la haine, de la destruction, de la guerre comme de la confusion ou du dĂ©sordre, dans un mouvement destructeur proche de lâentropie, câest-Ă -dire de la dĂ©sorganisation des systĂšmes, tendance anthropique et entropique que nous retrouvons chez de nombreux poĂštes dits « maudits » faute de « mot dit » plus nuancĂ©. La crĂ©ation a besoin de pensĂ©es, les pensĂ©es nĂ©cessitent des mots, et les mots appellent la nuance, comme la voix du poĂšte Ă©veille des Ă©chos. Comme dans le mythe biblique de la GenĂšse, la parole de Dieu se fait opĂ©rante, par lâopĂ©ration de cet esprit qui traverse les Ăąges, depuis Virgile jusquâĂ nos jours. Quand le verbe crĂ©ateur est Ă lâĆuvre, lâĆuvre elle-mĂȘme soulĂšve les cĆurs et exalte les Ăąmes. LâidĂ©al littĂ©raire, esthĂ©tique et artistique se nourrissant dâun style noble et nuancĂ© depuis lâIlliade et lâOdyssĂ©e dâHomĂšre ; afin que lâadmiration monte du cĆur de lâhomme devant toute la palette de la crĂ©ation et que les mots fusent de sa propre bouche ou que sa propre main devienne crĂ©atrice. La nuance est elle-mĂȘme crĂ©atrice, on pourrait mĂȘme dire que ces spirales dâor du verbe, que câest tout lâADN poĂ©tique, et quâĂ travers les nuances, câest la magie du langage qui procĂšde du verbe, comme lâADN qui est Ă lâorigine mĂȘme de la vie. Tout le monde créé est poĂ©sie ( grec PoiĂȘsis), et toute la poĂ©sie du monde est ouvrage, crĂ©ation et composition. Comme les neuf muses sâamusent de leurs diffĂ©rences, la poĂ©sie sâadapte au sujet ou aux thĂšmes les plus divers, comme la vie en gĂ©nĂ©ral, et elle se joue de la matiĂšre et de la maniĂšre de composer ; elle sâauto-organise jusquâĂ se faire orchidĂ©es mimant les insectes, ou jusquâĂ se versifier sous forme dâalexandrins, parce quâelle est avant toute chose, sur le plan nature (comme sur les plans littĂ©raires, manuels ou intellectuels), une maniĂšre de participer Ă la loi dâaction-rĂ©action ( troisiĂšme loi de Newton) propre Ă toute crĂ©ation. Le biochimiste que jâĂ©tais, en fut le tĂ©moin privilĂ©giĂ© ; on doit au propre chat de Schrödinger de lui avoir miaulĂ© Ă lâoreille lâordre des choses domestiques, celles de la vie et de la mort, et mĂȘme de lui avoir ronronnĂ© comme dans une rĂ©vĂ©lation privĂ©e les secrets du second principe de la thermodynamique. Dans le Monde et dans le monde, comme dans tout systĂšme « ouvert », la vie tend ostensiblement Ă la nĂ©guentropie, aux variĂ©tĂ©s du visible et Ă la visibilitĂ© des mots, câest-Ă -dire à « la nuance », aux enjeux dâune complexification « exponentielle » qui participe Ă lâaugmentation sans limites des ĂȘtres, des crĂ©ations, des mots et des espaces, avec toutes les nuances que cette complexification demande. Entre NOUANCE et NUANCE LĂ oĂč manque la vie et lâespĂ©rance, la mort se pose comme un vautour affamĂ©; et lĂ , oĂč « la nuance » manque, inexorablement « La nouance » sâinstalle. Pourtant, le langage comme la vie relĂšve dâun systĂšme des plus complexe, pour lâun comme pour lâautre, on ne peut tomber dans aucune forme de « rĂ©ductionnisme », câest fondamental, la complexitĂ© exige « la nuance » Ce nĆud dans le langage est un symptĂŽme, un dysfonctionnement. Cette nouance sociale et culturelle Ă laquelle nous participons tous, câest comme un pacte sceller avec le diable ; cette infestation du langage, relĂšve dâune tendance Ă tomber dans les extrĂȘmes, dans cette rigiditĂ© et cette nodositĂ© des relations, et en particulier Ă travers la nouance langagiĂšre qui semble sâĂȘtre installĂ©e dans le monde aprĂšs le mirage des trente glorieuses. Et le contraire de « glorieuses » nâest-il pas lâinfamie, lâhumiliation et lâinjustice, lâignominie de nombreux discours des plus extrĂȘmes, lâabaissement des uns au bĂ©nĂ©fice des autres et la discrimination de lâhomme mĂ©prisĂ© ? Ainsi, les mots comme beaucoup dâhumains semblent mener une double vie, il y a effectivement des mots fins qui dĂ©lient et des gros mots qui nouent. Mais il existe entre les deux tout un champ de nuance. Face Ă mes inquiĂ©tudes pour lâavenir, ce sont ces nĆuds du langage qui me font agir et Ă©crire. ĂLOGE DE LA NUANCE Soyons rĂ©aliste, autour de nous comme en nous, il y a une multitude de rĂ©alitĂ©s individuelles et des rĂ©alitĂ©s des plus communes, et pourtant, il nây a quâun seul RĂ©el dans sa totalitĂ©, inaccessible certes, impossible comme dirait Jacques Lacan, mais un RĂ©el grand R, toujours prĂ©sent. De mĂȘme, autour de nous comme en nous-mĂȘmes, il y a une myriade de vĂ©ritĂ©s quâelles soient personnelles, sociales et culturelles, et elles sont aussi nombreuses que toutes ces merveilleuses Ă©toiles du ciel ; et pourtant, il nây a quâune seule vĂ©ritĂ© tout entiĂšre. Alors, pourquoi ces nĆuds ? En grande partie parce que nous sommes tous les mĂȘmes, mais en particulier si diffĂ©rent, toute la nuance est lĂ ! Mais derriĂšre tout « ça » le RĂ©el grand R, est toujours prĂ©sent. Chacune et chacun de nous est unique dans sa maniĂšre de percevoir le monde et de lâinterprĂ©ter, mais que face Ă nous tous, cette seule et unique vĂ©ritĂ© tout entiĂšre nous dĂ©passe, voilĂ pourquoi les nuances sâimposent Ă nous tout comme la gravitĂ© terrestre. Câest la raison principale pour laquelle sur le terrain de la vĂ©ritĂ© et de la rĂ©alitĂ©, il est nĂ©cessaire de passer de la perception personnelle Ă une vision plus nuancĂ©e des choses du monde, de la vie et des relations. VoilĂ pourquoi il est absolument essentiel de passer de lâopacitĂ© la plus totale, la plus noueuse, Ă plus de subtilitĂ©, et de lâextrĂȘme des choses Ă plus de transparence en « un juste milieu », puisque, en vĂ©ritĂ© les choses ne sont jamais noires ou blanches, mais se dĂ©ploient dans un fabuleux champ des gris tout en milliers de nuances. Câest ainsi que dans lâUnivers, tout est complexitĂ© et subtilitĂ©, fruit dâune crĂ©ation ou dâune nature tout en nuance ou tout en « subtilitĂ© », câest-Ă -dire : fine, dĂ©licate et pĂ©nĂ©trante. Alors, soyons toujours prĂ©cis tout en restant sobres et simples ; agissons avec finesse et tĂ©nuitĂ© ; lâhomme lâa dĂ©jĂ prouvĂ© et le prouve encore, il en est capable, nous lâavons tous Ă©prouvĂ© dans nos sens, dans notre chair et notre esprit ; lâhomme est capable dâune variĂ©tĂ© de beautĂ©, de cent formes dâamour, capable de paix aux drapeaux plus ou moins bigarrĂ©s, dâabnĂ©gation et de misĂ©ricorde; et plus encore, il est capable de ces mille subtilitĂ©s qui charment les sens, de cette finesse qui Ă©lĂšve les cĆurs et les dĂ©bats, et de cette prĂ©cision qui fait des homo sapiens, des hommes dâart, de science et de lettres Ă lâesprit pĂ©nĂ©trant. Comme un Vincent Van Gogh gĂ©nĂ©reux, le Cosmos a la palette la plus vaste, la plus infinie ; il grouille de galaxies et de nĂ©buleuses les plus diversifiĂ©es, câest-Ă -dire quâil est en lui-mĂȘme un incommensurable «nuancier », et Ă lui seul, une faramineuse palette dâartiste crĂ©ateur, une explosion colorĂ©e sans limite, un feu dâartifice de multivers, de mondes divers, dâĂ©toiles, de planĂštes et de formes de vie. Ainsi, ici mĂȘme, sur Terre, plus de 400 000 espĂšces de plantes et de fleurs sont dĂ©crites, et mĂȘme que 2 000 nouvelles espĂšces sont dĂ©couvertes chaque annĂ©e. Le nombre d'espĂšces d'insectes connu pourrait atteindre le nombre exorbitant de 50 millions ; 10.000 espĂšces dâoiseau sont connues Ă ce jour ; et rien que parmi les mammifĂšres dont lâhomo sapiens fait partie, on ne compte pas moins de 6000 espĂšces de familles diffĂ©rentes. Le Monde et lâUnivers, nâen doutons plus, sont de vĂ©ritables nuanciers, mĂȘme sans nous Ă©tendre sur toutes les variĂ©tĂ©s de langues, de dialectes et de cuisine, et sans tergiverser sur les mille maniĂšres de vivre sa vie ou mĂȘme sa sexualitĂ©. Alors, pourquoi en matiĂšre de communication cette palette nuancĂ©e nous fait tant dĂ©faut ? Pourquoi nos dĂ©bats sont-ils aussi noueux, houleux et rĂ©ducteurs comme cette fiĂšvre de gĂ©nĂ©ralisations qui fusent comme des ordres de gĂ©nĂ©raux, et ce populisme politique qui progresse de partout sans rĂ©ponse nuancĂ©e et sans la moindre modĂ©ration ? Les couleurs sĂ©pia des grottes de Lascaux et de Chauvet en tĂ©moignent ; comme le confirme lâĂ©chelle des tessitures vocales, entre le haute-contre et le tĂ©nor, les tons et les tonalitĂ©s, câest-Ă -dire « les nuances », depuis lâart pariĂ©tal et bien avant probablement, câest prĂ©cisĂ©ment, câest-Ă -dire avec exactitude, ce qui distingue la civilisation dite "humaine" des sociĂ©tĂ©s dites « animales ». Câest Claude LĂ©vi-Strauss, dans « Tristes Tropiques », qui nous rappelle justement le fait quâil fallait « ĂȘtre peint pour ĂȘtre homme ». « Celui qui restait Ă lâĂ©tat de nature » ne se distinguait plus de la bĂȘte. Et cette distinction, comme il existe des gens distinguĂ©s, câest ça justement, « La nuance » qui fait lâhomme. Ă titre dâexemple, en Afrique, les plateaux dits « Labrets » des femmes Mursis, plus ou moins dĂ©corĂ©s, comme le corps des hommes plus ou moins peint, relĂšvent de cet art de vivre qui consiste Ă faire du langage et de ses nuances un moyen de dissocier la gente humaine, et de nous distinguer les uns des autres, comme des bĂȘtes ou des sauvages. Puisque dans lâUnivers tout est « analogique » et que le Cosmos est une sorte dâalambic alambiquĂ©, grand distillateur dâanalogies et de mĂ©taphores, comme un vĂ©ritable athanor, il est le haut lieu de toutes les transformations et transmutations possibles ;, alors voyons pourquoi Ă la diffĂ©rence de la nature elle-mĂȘme et de la culture plus particuliĂšrement, nous avons en nous cet Alien rĂ©ducteur, câest-Ă -dire cette tendance extraterrestre Ă faire dans les « extrĂȘmes » mortifĂšres, cette tendancieuse prĂ©tention Ă faire dans « la simplification outranciĂšre », alors que partout la matiĂšre participe Ă un phĂ©nomĂšne universel de complexification, et non pas Ă un Ă©pi- phĂ©nomĂšne de foire rĂ©ductionnisme et de simplification extrĂȘme. Comme vous, jâai entre autres connu les nuances jaunes de Roland OrepĂŒk, les nuances roses et bleues chez Picasso, jusquâaux nuances noires de Pierre Soulage ; jâai contemplĂ© religieusement les bleus du ciel et ceux de Chagall, comme jâai admirĂ© les nuances des vitraux et les dentelles de pierre des cathĂ©drales ; jâai aussi scrutĂ© Ă ce sujet les verts du douanier Rousseau et les mauves et les violets de Claude Monet, tout est lĂ , comme un grand nuancier ! En ces contemplations variĂ©es, je nâai vu et observĂ© que des choix nuancĂ©s, que des chemins et des goĂ»ts diffĂ©rents, des inspirations aussi bariolĂ©es que les pelages de fauves, comme des Ă©tats dâĂąme, dâesprit ou de conscience ; jâai vu de tous mes sens et admirĂ© dâinnombrables lignes dâhorizon allant dans tous les sens, des diagonales vivantes et des transversales aussi colorĂ©es que celles du temps et de lâespace, comme des traits de caractĂšre plus ou moins soutenus, de ceux qui reflĂštent au mieux le Monde dans sa globalitĂ©. Pour ĂȘtre plus nuancĂ©, la nuance, câest Ă juste titre ces milliards de possibilitĂ©s de la vie, et toutes ces « prĂ©cisions » que nous mettons dans les diffĂ©rentes formes de langage, selon notre sensibilitĂ©, nos origines et notre crĂ©ativitĂ©, quel que soit ce langage ; afin de communiquer au mieux, avec le plus d'exactitude possible, entre individus de la mĂȘme espĂšce. La force de parole et lâĂ©loquence ne suffisent pas pour communiquer, toute violence au sens propre et figurĂ© est dĂ©figuration, comme toute attente intempestive est un vĂ©ritable attentat, qui sont l'un et l'autre lâexpression dâun malaise profond, dâun symptĂŽme, celui dâune incapacitĂ© Ă se dire, et Ă se faire comprendre et entendre avec toutes les nuances nĂ©cessaires Ă la vie relationnelle. La communication nâest pas simple, Ă titre dâexemple, la citation de Bernard Werber lâaffirme et lâatteste quand il Ă©crit : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, Il y a au moins dix possibilitĂ©s de ne pas se comprendre. Mais, essayons quand mĂȘme. » Lâhomo sapiens nâest pas le seul animal Ă savoir exprimer plus ou moins bien ce quâil veut dire prĂ©cisĂ©ment, mais il est le seul mammifĂšre de lâordre de primates Ă maĂźtriser parfaitement, quand il le veut bien, lâordre des nuances. Ses langages les plus variĂ©s y contribuent largement et peuvent ĂȘtre les plus riches de sens (pictural, musical, littĂ©raire, technologique et scientifique), mais, malgrĂ© tout ça, lâhomo sapiens souffre d'un mal apparent et destructeur : ce rĂ©ductionnisme qui se fait « nouance ». Parce que, Ă en perdre la raison et le bon sens, son langage peut aussi « dysfonctionner » sous lâeffet des Ă©motions, des pressions diverses, internes et externes, des agressions subies ou imaginĂ©es qui nous mettent dans des postures inconfortables, positions dans lesquelles il devient impossible de nommer clairement les faits et de discourir de maniĂšre prĂ©cise et nuancĂ©e sur le monde et les choses du monde. Et pourtant, notre grande capacitĂ© d'abstraction en science et en mathĂ©matique le prouve; nos aptitudes Ă nous adapter et nos multiples talents artistiques lâĂ©prouvent et le prouvent plus encore, lâhomo sapiens est bien capable de sâextraire du rĂ©ductionnisme et du simplisme, tout comme il est capable de sublimer la mort, dâĂȘtre bon, de faire du beau et dâextraire lâor du plomb, parce que « la nuance », câest lĂ mĂȘme toute une alchimie proprement humaine ! Câest « La nuance » qui est seule capable de dissoudre les conflits, de sĂ©parer le bien du mal, et le laid du beau, de purifier les relations et de putrĂ©fier les choses inutiles et les croyances obsolĂštes. Câest la nuance qui est seule capable de sublimer les choses difficiles et dâexalter la nature et la vie, de faire fructifier lâarbre mort et de fermenter la paix sur les champs de bataille ; câest la nuance seule qui peut nous permettre de pardonner au passĂ© et de nous projeter dans lâavenir, aprĂšs avoir multipliĂ© les rĂȘves, parce que la nuance est capable dâouvrir les portes fermĂ©es, pour nous aider Ă pĂ©nĂ©trer dans le MystĂšre des choses comme dans celui des cathĂ©drales. Ă travers cet « art de vivre » ensemble, lâhomme se montre depuis toujours capable dâun esprit tout en finesses, douĂ© de poĂ©sie comme dâune sociabilitĂ© tout en nuances, mais aujourdâhui, il ne semble plus maĂźtriser du tout la gamme des Ă©motions, tout comme il ne semble plus maĂźtriser toutes les nuances du langage, de la politique et de la philosophie ou de la presse ; lâhomme dans sa torpeur moderne et sa course aprĂšs le temps, semble avoir oubliĂ© la substance mĂȘme des substantifs, ainsi que les diffĂ©rents degrĂ©s des qualificatifs et des nombreuses modalitĂ©s, variation et tonalitĂ©s du verbe, tout comme il semble se protĂ©ger derriĂšre ses Ă©crans trop plats des couleurs infinies de la vie. Alors pourquoi ces dĂ©chaĂźnements verbeux, ces duels nausĂ©abonds, ces mots bruts et crus ? Pourquoi ce langage brutal et cette violence verbale, bien souvent primale ou primaire ? Pourquoi cette carence de finesse qui frise la famine linguistique et la disette de bon sens ? Pourquoi tant de haine brute et dâinsuffisance de distinguo ? OĂč est passĂ©e cette relativitĂ© nuancĂ©e des choses que lâon attribuait autrefois aux sages et aux intellectuels ? OĂč sont donc passĂ©es les subtilitĂ©s de jadis, avec ce soupçon de prĂ©cision qui bien souvent rend caduque la plupart des violences, et inutiles les Ă©meutes, et complĂštement vains tous ces soupçons et autres idĂ©es de complotisme ? La vĂ©ritĂ© et la rĂ©alitĂ© semblent souffrir plus que jamais dâun gros nĆud gordien oĂč nul ne peut trancher ! Le langage est « un corps subtil » qui ne supporte pas les nĆuds, alors pourquoi tant de nouances dans le monde et si peu de nuances ? Pourquoi tous ces conflits extrĂȘmes et tous ces extrĂȘmes sans nuance aucune ? Pourquoi les mots « nuancer », « dĂ©licatesse », « finement » et « subtilement » en autres mots entre nous, font tant dĂ©faut ? Pourquoi notre vocabulaire mĂ©diatique tend-il Ă se rĂ©duire Ă des expressions des plus communes, comme La Peau de chagrin de Balzac, alors que les dictionnaires au contraire augmentent leur palette de mots ? Autour de ces mots Ă nĆud et ces nĆuds de mots, le mystĂšre mâĂ©chappe ! En fait, alors que la nuance devrait « crĂ©er des liens », nous nous retrouvons comme tiraillĂ©s ou Ă©cartelĂ©s dans un jeu de corde tirĂ©e, entre deux extrĂȘmes, deux extrĂȘmes complĂštement sourds lâun Ă lâautre. Oui, plus le langage se resserre quand on tire sur chaque extrĂ©mitĂ©, Ă gauche et Ă droite, au-dessous et au-dessus, plus les gorges semblent nouĂ©es par cette nouance sans nuance, nous laissant lĂ pantois, comme pendu au lasso de la mĂ©diacratie, et en particulier sur le Web, qui participe abondamment Ă cette nouance effrĂ©nĂ©e. Entre le rĂ©ductionnisme le plus institutionnalisĂ©, les extrĂ©mismes politiques et idĂ©ologiques les plus gras, le populisme brut de beaucoup, le crĂ©ationnisme Ă lâamĂ©ricaine, le fondamentalisme religieux ⊠Nous pĂ©nĂ©trons, me semble-t-il, de pleins pieds, mais pieds et mains « liĂ©s » dans le monde de la mĂ©diocratie. Une premiĂšre maniĂšre de sâen sortir serait de dĂ©tacher les mots de leur gangue rigide, dâĂȘtre plus indulgent (avec nous-mĂȘme surtout) et bien plus « modĂ©rĂ© » ; moins « radical » ou « entier » en mettant de la nuance et de la relativitĂ© dans son vin en Ă©tant moins dur et moins catĂ©gorique, câest-Ă -dire « plus nuancĂ© » , sachant que toute haine et toute intransigeance se nourrissent de radicalitĂ© ou de radicalisation, et que ces derniĂšres se nourrissent elle-mĂȘme de flou, de zone dâincertitude, dâincomprĂ©hension et surtout de non-dits⊠Le plaisir des mots et celui des nuances sont du mĂȘme ordre, celui de la clartĂ©. Paradoxalement, plus le message est nuancĂ©, et plus il est difficile de se faire entendre, plus les nuances sont subtiles, presque imperceptibles, et plus il devient impossible de sâĂ©couter et de communiquer, câest ce que je nomme, faute de nuance : le paradoxe des nouances. Alors, faute dâentendement on est tous rĂ©duits au nouage, Ă lâenfermement, aux chicanes, câest-Ă -dire Ă lâenfer des non dits, des conflits et des obscuritĂ©s. Quand il est non seulement important, mais surtout vital dâapporter quelque clartĂ©, de faire de la distinction, lĂ©gĂšre ou grande, la nuance est un pont, un passage de langage, on pourrait mĂȘme dire carrĂ©ment âun vĂ©ritable pontifeâ entre des extrĂȘmes qui ne peuvent ni sâentendre, ni se comprendre; et surtout dans les tensions extrĂȘmes. Ă lâĂ©preuve des sens, tous les nuanciers de la nature et de lâart le prouvent, ils ont des reflets multicolores, et des zones irisĂ©es pleines de ces nuances qui se jouent de la lumiĂšre, mĂȘme les noirs de Pierre Soulage me soulagent du poids et de la fadeur des choses insipides et lourdes. Câest dâailleurs pour cette raison qu'il parle de noir-lumiĂšre et dâoutrenoir , comme on pourrait parler dâentre noirs comme on le fait pour les nuances de gris. Sans nuance, seul persiste un bruit de fond comme un brouhaha persistant oĂč les mots ne sâentendent plus ; seuls restent des excĂšs dans les mots et de la dĂ©mesure dans les maux, pour ceux qui sont Ă la source des problĂšmes comme pour ceux qui en subissent les consĂ©quences. Sans nuance, la disproportion des dires est comme une statue figĂ©e de sel, figĂ©e dans une mĂȘlĂ©e sanglante, comme Ă la suite de tous les chaos du monde. Faute dâententes nuancĂ©es, on stagne dans la confusion et dans lâindiffĂ©renciation plus ou moins totale. Faute de clartĂ©, entre la mĂ©prise et la prise de bec, on se fait la guerre; et faute de clartĂ© et de clarification, on marche dans la nuit, on sâenglue dans nos propres mots. Dans de telles situations, on clĂŽture le dĂ©bat ou lâon se bat, puisque dĂ©battre est irrĂ©alisable, alors, dĂ©bĂącle ! On accuse et lâon jette le discrĂ©dit sur lâautre, on lance des critiques acerbes. Puisquâon ne peut communiquer, on sâassĂšne des jurons et lâon en vient aux langages du corps, faute dâarguments nuancĂ©s, on se roue de coups et lâon se noue soi-mĂȘme. Seule la nuance donne du sens au sens, la nuance nâest pas une vaine contrainte, elle crĂ©e la cohĂ©rence ! Nuancer, câest discuter en dĂ©voilant, câest lever le voile sur les obscuritĂ©s et rĂ©vĂ©ler les turbulences en jeu et les enjeux turbulents, afin dâĂ©viter que les conflits ne se terminent en guerre. Les nuances dĂ©mĂȘlent les diffĂ©rends et illuminent les diffĂ©rences, elles dĂ©cĂšlent les nĆuds des troubles, rapprochent les antagonistes au lieu de les Ă©loigner Ă tout jamais. Câest en quoi les nuances sont comme âla substantifique moelleâ de toutes les discussions et de l'ensemble des dĂ©saccords. Communiquer vraiment, consiste en fait Ă mettre toutes nos nuances ensemble pour faire plus vrai ! Ă lâinverse dâun jeu de bile dâoĂč dĂ©borde le fiel, nuancer, câest jouer ensemble, comme des enfants qui jettent leurs billes diversement colorĂ©es dans une mĂȘme grande cour de rĂ©crĂ©ation. Le manque de nuance, câest avant tout âun manqueâ, câest le chaos des origines ou tout est vague est flou comme dans une dĂ©lĂ©tĂšre fusion. Quand lâamalgame ce fait de plomb, on en vient vite aux poings et aux griffes, car lâanimal homo sapiens dĂ©teste les nuances, elles le rendent nu en ce lieu oĂč lâon se vĂȘt de mensonges et de mille autres protections. Paradoxe de paradoxe, les besoins de nuances, tout comme les doutes, sont le propre de lâhomme responsable, de celui qui est dans lâouverture et lâĂ©merveillement, dans la contemplation du Monde. Cet homme-lĂ , Ă besoin de grandes palettes colorĂ©es, de belles perspectives, de panoramas multiples, de myriades dâĂ©toiles, comme de points de vue dĂ©mesurĂ©s ; il a soif et faim de paysages tout en majestĂ©, et des visages hauts en couleur, mais tout en demi-teinte pour ne pas Ă©craser les gens et les choses du Monde. La nuance seule peut assouplir les mots, nourrir les corps et adoucir les esprits. Alors que sur le Net, on solde de plus en plus ses mots, on rĂ©duit les messages Ă des tweets sympas ou pas, et Ă des "jâaime" dĂ©sincarnĂ©s ; on ferme les explications comme son ordinateur ; on juge et on condamne sans Ă©claircissement aucun ; on brade les discours de haine et que lâon se vend sur Internet sans nuance au rabais, comme Ă la pĂ©riode des soldes⊠Partout, le monde tourne de plus en plus mal, la misĂšre et le mal-ĂȘtre, le rĂ©chauffement et la pollution augmentent. Nâest-il pas temps que nous soyons, la pollution en moins, riches de nuances comme les ocĂ©ans. Le langage vĂ©hiculĂ© par tous les mĂ©dias semble davantage rigidifier les choses du monde comme un vĂ©ritable cancer, tout autour dâun nĆud gordien inextricable. Nous sommes nouĂ©s, corps et mots comme dans un nĆud de vipĂšres qui parcoure le monde. Comment expliquer cette rĂ©duction du langage et des choses exprimĂ©es, comme les Shuars dâAmazonie rĂ©duisaient les tĂȘtes faute dâexplications. Sommes-nous tous des Jivaros de la conscience, des rĂ©ducteurs de narration Ă la petite semaine ? Partout, le manque de nuance dĂ©bouche toujours sur une forme de rĂ©ductionnisme, de fondamentalisme social et culturel, câest-Ă -dire, en dĂ©finitive Ă une forme de stigmatisation de tout un chacun. Sans nuance, les choses se font obscures, les mots brumeux , et les politiques nĂ©buleuses. Nuancer, câest mesurer avec soin, câest tempĂ©rer avec patience et persĂ©vĂ©rance, câest mesurer avec dĂ©licatesse, diffĂ©rencier avec minutie, choisir ses mots, discerner avec attention et souligner avec beaucoup de prĂ©cision. En quelques mots, nuancer, câest rendre clair comme lâeau de roche. Depuis que les horaires de trains manquent eux-mĂȘmes de prĂ©cision, et que la pollution des villes et des champs se fait extrĂȘme, la clartĂ© elle-mĂȘme se fait rare. Partout, faute de nuance, lâimprĂ©cision et lâincertitude rĂšgnent en maĂźtre incontestable, lâinformation se fait mensongĂšre, lâĂ©quivoque vogue dangereusement comme le radeau de la MĂ©duse. Aujourdâhui, il faut aller vite, on nâa plus le temps de trouver les mots justes, la norme majoritaire est aux choses brutes et Net, point com, il faut que « ça » (S.Freud) rapporte, de lâargent et de lâaudimat bien sĂ»r, puisque « ça » va avec ! Sur les ondes, on nâa guĂšre le temps de nuancer, de faire dans la dentelle de Bruxelles, dans les dĂ©tails, la rĂ©alitĂ© la plus juste, et la plus juste vĂ©ritĂ© ; lâapproximation fait recette un peu partout, il devient mĂȘme quasi immoral de faire la diffĂ©rence entre « Le RĂ©el » et les rĂ©alitĂ©s du monde, puisquâelles sont du monde, câest-Ă -dire des plus communes ; et pareillement, il semble idĂ©ologiquement correct dâĂȘtre vague et incorrect, puisque le but nâest plus de ce faire comprendre, mais dâĂȘtre vu et entendu, quoi que lâon dise. Quand manquent la nuance et le cadre pour pouvoir nuancer, le dĂ©sordre sâinstalle sur le cĂąble, et quand sur les clouds le flou prĂ©cĂšde dĂ©jĂ le brouillard, il ne peut lui succĂ©der que la confusion et lâaveuglement. Les complots et surtout le complotisme sont toujours les fruits blets dâun manque de clartĂ© ; lâessentiel appelle toujours Ă la vĂ©ritĂ©, dans la nuance et la relativitĂ© des choses, comme toute rĂ©alitĂ© appelle « au secours ! » Le RĂ©el grand R. Plus les nuances sâestompent au bĂ©nĂ©fice du savoir, du pouvoir ou des avoirs de quelques privilĂ©giĂ©s, plus le « radicalisme » idĂ©ologique, politique ou religieux se fait dur et catĂ©gorique. Les extrĂ©mismes ne supportent aucune nuance et dâailleurs, ils ne poussent lĂ que dans des lieux oĂč « la nouance » est la plus forte. Tous les rĂ©actionnaires et fanatiques de tous bords sont des esprits sans modĂ©ration. LâidĂ©e sans nuance lĂ©gitimise toujours une forme dâinjustice et de violence, et plus la « libre expression » est de mise, plus les positions sont extrĂȘmes et sans nuance aucune. Quand fautes de nuance, les zones dâincertitude soulignent un flou Ă lâhorizon, toutes les opinions radicales, tous les jugements et les commentaires catĂ©goriques, quâils soient anti nantis ou antisĂ©mites, toutes les opinions racistes ou homophobes, tous les points de vue sexistes ou autres violences institutionnelles, sociales et culturelles, sont les symptĂŽmes dâune « nouance » extrĂȘme. Quand les mots se resserrent avec violence comme dans un Ă©tau dont les mors sont les extrĂȘmes, la communication se fait laborieuse. Alors, comment expliquer ces extrĂ©mismes dans lesquels nous tombons sans cesse ? Comment comprendre ces perpĂ©tuelles dualitĂ©s, ces trop vides et ces trop-pleins, ces trop noirs ou trop blancs, ces oui ou non tranchĂ©s, ces ouvertures ou fermetures grossiĂšres comme des murs qui embarrassent nos esprits, tout comme le systĂšme binaire encombre nos appareils numĂ©riques ? Ă voir la complexitĂ© du monde et celle de lâarborescence des choses du monde, il est difficile de comprendre ! On peut encore sâĂ©tonner de tels dualismes et de telles rĂ©ductions des choses, de tant de positions ridiculement restreintes, dâun discours politique si limitĂ© et dâun langage mĂ©diatique si restrictif. Oui, flexibilitĂ© et rigiditĂ©, lâhomme est lui-mĂȘme un Ă©norme paradoxe, un parfait mĂ©lange de tout cela. Hybride des dieux, ceux de toutes ses croyances et idĂ©ologies, il est parallĂšlement un hybride des bĂȘtes de ses origines et du jeu variĂ© de ses gĂšnes ; depuis la nuit des temps, ce riche mĂ©tissage devrait solliciter de nous tous que nous soyons « plus ouverts » et mĂȘme bĂ©ants aux diffĂ©rences les plus nuancĂ©es. Mais paradoxalement, nous semblons sombrer dans un monde de plus en plus tranchĂ© et Net. point com. Ătrangement, autant la gamme des produits inutiles et des vaines envies augmentent en nous, autant semble disparaĂźtre ou sâestomper cette finesse qui faisait jadis le tempĂ©rament des sages et des philosophes. Nâen dĂ©plaise Ă tous les extrĂ©mistes sans nuance et aux ultras de tous bords et de tous les bordels culturels et sociĂ©taux, de droite comme de gauche, notre dĂ©ficit sensoriel et nos incapacitĂ©s neurologiques et mentales nous empĂȘchent, semble-t-il, de percevoir tout en nuance le gigantesque nuancier des choses du monde. Alors, plutĂŽt que de nous laisser attirer et porter par quelques exclusives et par quelque radicalisation, Ă©merveillons-nous plutĂŽt devant les nuances, les diffĂ©rences et les Ă©trangetĂ©s, puisque malgrĂ© nos fermetures, comme je lâai dĂ©jĂ soulignĂ©, toute la vie est nuancĂ©e et diversifiĂ©e, comme la palette des gris et les nuanciers des couleurs que lâartiste utilise. Toute la diffĂ©rence est lĂ , dans les choix du langage et des mots, dans lâaccueil, lâacceptation de la diffĂ©rence elle-mĂȘme, et il en est de mĂȘme de lâĂ©trangetĂ©, et de lâĂ©tranger en gĂ©nĂ©ral. Câest bien connu des rings oĂč rĂšgnent le duel et la dualitĂ©, faute de juste milieu et de nuance, on utilise des gros mots et lâon prend des coups ! Conclusion Par les temps qui courent, est-ce raisonnable, ou ambitieux peut-ĂȘtre, de vouloir atteindre les cieux du langage, Ă lâacmĂ© des mots, en Ă©tant plus nuancĂ© et en utilisant la plus grande palette du verbe ? Avec le plus grand sĂ©rieux, soyons nuancĂ©s et devenons nous-mĂȘmes nuanciers, ne restons pas mĂ©diocrement lourds de langue et Ă©pais dâesprit, obtus de conviction, bornĂ©s de nos idĂ©es et croyances multiformes, comme les prisonniers de la caverne de Platon, nous sommes les prisonniers de nos propres pensĂ©es et de ces nĆuds grossiers qui nous lient Ă un monde trop matĂ©rialiste et trop rationnel, dualiste Ă lâexcĂšs et rĂ©ductionniste Ă lâextrĂȘme, au point que nos manque de nuance font pleurer les nuages dans le monde visible, et les anges dans les nuances de lâinvisible. Introduisons de la nuance et nous deviendrons vous et moi, les fĂ©es et magiciens qui changent la face du monde Ă coups de nuances dĂ©liĂ©es, mĂȘme si je ne suis pas sĂ»r que nous puissions y arriver, « essayons quand mĂȘme » comme le propose Bernard Werber ; les intĂ©rĂȘts de lâhumanitĂ© Ă venir, et lâespĂ©rance de ce monde en marche en dĂ©pendent. OĂč que lâon soit, soyons poĂ©sie et palettes dans ce monde qui manque cruellement de nuance. Comme nos Ă©crans de TV, Ă la couleur du pixel codĂ©e sur une palette Ă 16 millions de couleurs, prenons de la hauteur et de « hautes rĂ©solutions » ; ayons un langage fin et justement dĂ©liĂ©, Ă la matiĂšre des alchimistes et des sages qui dĂ©lient la matiĂšre vulgaire, ou Ă la maniĂšre de lâhomme spirituel qui sâĂ©lĂšve, corps et esprit, en se libĂ©rant de la torpeur du monde, et de la lourdeur de la gravitĂ© homo sapienne pour devenir Hommes pleinement homme, avec toutes les nuances que le substantif Homme peut dĂ©ployer comme une palette sans fin. Soyons simples, mais pas simplistes, soyons explicites sans ĂȘtre rĂ©ducteurs, soyons libres (dĂ©liĂ©s), mais pas grossiers, soyons nuancĂ©s pour Ă©viter dâĂȘtre superficiels et trop communs; soyons clairs sans ĂȘtre abscons, et comme ni vous ni moi, ne sommes dĂ©miurge, restons humbles et limitĂ©es, mais en toute humanitĂ©, restons ouverts au monde sans ĂȘtre naĂŻfs, ayant toujours en main comme en bouche la palette des visionnaires, des impressionnistes et des grands philosophes et soyons heureux que toutes ces nuances nous fassent uniques, diffĂ©rents et complĂ©mentaires. (1) Ă la diffĂ©rence de Rimbaud, qui prĂ©fĂ©rait la palette des couleurs vives au « rien que la nuance » de Paul Verlaine. Arthur se voulait coloriste Ă lâinstar dâun Paul Gauguin ou dâun Vincent Van Gogh, ses contemporains, et comme ces derniers, il semblait prĂ©fĂ©rer une palette de couleurs pures aux tons plus Ă©clatants, comme pour fuir la grisaille de Charleville et se baigner dans les blĂ©s dâor de Provence ou dans les eaux turquoise des Ăźles Marquises.
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