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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-08-05 | [This text should be read in francais] |
Gros Plans > 20 octobre 2009 - critikat.com
《Commander Ă Alain Resnais en 1959 un film sur la paix, c’était Ă©videmment provoquer chez cet admirateur du Nouveau Roman une nouvelle forme cinĂ©matographique qui avait Ă peine Ă©clos en quelques films. Ouvrant la voix Ă "L’AnnĂ©e dernière Ă Marienbad", rĂ©alisĂ© deux ans plus tard, "Hiroshima mon amour" est un film torturĂ©, emprunt des blessures physiques de chacun, des sĂ©quelles d’une guerre que l’on tentait d’oublier vaille que vaille. Ne montrant jamais la bombe, la cause de la souffrance, Resnais crĂ©ait alors des chemins aussi sinueux que poĂ©tiques, lunaires, pour mettre Ă nu deux corps, et deux mĂ©moires qui ne crèvent l’écran que par espoir, par folie de vivre. « Tu me tues, tu me fais du bien »... la fameuse rĂ©plique d’"Hiroshima mon amour" fut sur toutes les lèvres en 1959. PrĂ©sentĂ© Ă Cannes, primĂ© par la presse, le film Ă©tait une commande des production Argos qui avaient choisi Resnais pour rĂ©aliser une Ĺ“uvre sur la paix. Terme difficile dans une Ă©poque oĂą l’ancienne guerre, après avoir refondĂ© une sociĂ©tĂ© traumatisĂ©e, menaçait d’en faire naĂ®tre une nouvelle. Terme difficile aussi dans un cinĂ©ma français qui s’était Ă©chinĂ© Ă glorifier la RĂ©sistance tout autant qu’à effacer les dĂ©mons d’une Europe martyrisĂ©e, coupĂ©e en deux, et oublieuse, très oublieuse. De la Shoah, on ne parlait alors pas, sauf Resnais qui, avec Nuit et brouillard, avait entamĂ© en 1956 son saut dans une mĂ©moire cachĂ©e, enfouie. C’est en revoyant ses premiers films que l’on comprend Ă quel point, justement, Resnais aime les choses enfouies, non pour le simple plaisir de les dĂ©terrer, ou le simple devoir de les dĂ©noncer. Son intĂ©rĂŞt se porte sur les effets de la mĂ©moire, sur ses multiples strates, qu’il adapte Ă l’écran en superposant diffĂ©rentes couches temporelles, mettant en Ă©vidence l’impossibilitĂ© de la renaissance sans la mort, l’impossibilitĂ© de l’oubli sans la mĂ©moire. 《Hiroshima mon amour》 est pourtant avant tout un film sur le prĂ©sent, tout comme Resnais est un rĂ©alisateur du prĂ©sent : il s’entoure alors de Marguerite Duras au scĂ©nario, fleuron de la nouvelle littĂ©rature française, ayant grandi en Indochine et dont la style ressassant, vif, cru, correspondait parfaitement aux dĂ©sirs d’Alain Resnais. Comment mĂŞler Ă la rĂ©alitĂ© des atrocitĂ©s du 6 aoĂ»t 1945 l’idĂ©e du fantasme, de la dĂ©couverte passionnelle ? En mettant Ă bas, en premier lieu, toute forme de hiĂ©rarchie, celle des classes, celle des races, mais aussi et surtout celle des souffrances. Deux personnages se croisent dans les rues de la ville japonaise : lui a vĂ©cu Ă Hiroshima mĂŞme, avait vingt ans lorsqu’Enola Gay fit son Ĺ“uvre ; elle Ă©tait Ă Nevers lors du bombardement, et subissait d’autres outrages, tout aussi violents, ceux des femmes que l’on a punies, tondues, pour Ă©tancher la soif de vengeance d’un peuple qui ne vivait depuis quatre ans que d’accusations et de menaces. Ils se plaisent, leurs souffrances et leurs corps se plaisent. Le film commence comme un roman de Robbe-Grillet, très cliniquement, passant sans vergogne des images d’archives aux montages des enlacements, et aux couloirs (d’hĂ´pitaux ici) que Resnais affectionne tant. Car un couloir, pour le rĂ©alisateur, reprĂ©sente une multitude de portes entrouvertes vers l’inconscient, la mĂ©moire, reproduite par des fulgurances visuelles, une diction parfois Ă©trange, incantatoire et surtout les visages et les corps fuyants d’Emmanuelle Riva et d’Eiji Okada (qui prononce son texte phonĂ©tiquement, ne connaissant pas le français). La fulgurance dĂ©truit la narration classique pour recrĂ©er celle de l’esprit, plus diffuse, plus opaque. L’idĂ©e de l’apparition se dĂ©veloppe donc progressivement, au fil des sons - la musique change parfois du tout au tout en une seconde-, et des rĂ©pĂ©titions, des martèlements qui scellent l’emprunte des lieux, des mots, des mĂ©lopĂ©es sur les personnages. Pour Resnais, la paix ne vient pas des gouvernements : rien ne fait rĂ©fĂ©rence directement aux acteurs d’une histoire politique, et il ne filmera jamais la bombe elle-mĂŞme. Resnais fait Ă©maner de ses personnages une vie qui renaĂ®t malgrĂ© elle. Après les dĂ©serts architecturaux, alimentaires, les maladies, les ĂŞtres 《encore dans la fraĂ®cheur de leur souffrance》, la vie est lĂ , aux coins des rues dans laquelle les deux personnages se perdent. La ville est comme un corps, elle garde le souvenir de la douleur, mais elle se nourrit aussi de l’énergie de son dĂ©sespoir. La rĂ©alitĂ© crue du bombardement nous est montrĂ©e comme un dĂ©charnement ; elle est d’ailleurs systĂ©matiquement comparĂ©e aux deux ĂŞtres qui fuient leur passĂ© avant de devoir l’affronter, avant de subir la torture une dernière fois, en ajoutant la parole Ă la souffrance, pour effectuer cette renaissance. Dire, et filmer pour ne pas mourir, voilĂ le socle de l’art poĂ©tique de Resnais. La souffrance du rescapĂ©, et celle de la tondue constituent les deux mĂ©moires, les deux vies : il 《s’appelle》 Hiroshima, elle 《s’appelle》 Nevers. La souffrance de l’un ne peut ĂŞtre comprise par l’autre sans qu’il y ait un dialogue, un Ă©change, un lien. 《L’inconsolable mĂ©moire》 ne peut alors que craindre le recommencement, la rĂ©pĂ©tition des actes, le grand mal qu’est l’éternitĂ©. Et pourtant, peu Ă peu, en retournant en arrière, en Ă©laborant une conception par flashs de la mĂ©moire, cette dernière prend part dans la rĂ©alitĂ© presque fantasmatique des personnages d’"Hiroshima mon amour". 《Cette ville Ă©tait faite Ă la taille de l’amour》 rĂ©pète-t-elle, car ils n’ont pu le retrouver qu’en faisant le deuil d’un amour perdu, dĂ©laissant les oripeaux de la mĂ©moire pour en Ă©tablir une bien plus solide, assumĂ©e. C’est aussi ce que Resnais initiait plus universellement, en faisant du cinĂ©ma un art de l’évocation amoureuse et politique, insistant sur l’interpĂ©nĂ©tration des mĂ©moires individuelles et collectives, comme l’interpĂ©nĂ©tration du passĂ© et du prĂ©sent. Il faudra encore bien des annĂ©es pour qu’un autre rĂ©alisateur emboĂ®te le pas de cette dĂ©marche presque militante, en tous points salutaire.》 Ariane Beauvillard
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